Hôpital des Enfants: prendre soin, c’est aussi faire rire
Journée mondiale du Rire: Le rire est un allié précieux dès la petite enfance : entretien avec Claire Van Pavenage, psychologue à l’HUDERF

À l’occasion de la Journée Mondiale du Rire, nous avons posé quelques questions à Claire Van Pavenage, psychologue à l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDERF).
À quatre ans, un enfant rit en moyenne près de 300 fois par jour.
Comment se développe l’humour chez l’enfant dès le plus jeune âge ?
Dès les premiers mois de vie, l’enfant développe son aptitude à l’humour, au sourire, au rire dans la relation à l’autre. Le bébé a une approche sensorielle de l’humour qui passe par les chatouilles, les grimaces, les bruits étonnants. Par ailleurs, le rire des nourrissons est un signe extérieur de plaisir qui contribue à renforcer les liens avec les personnes qui s’occupent d’eux.
Comment cette aptitude évolue-t-elle en grandissant ?
En grandissant, l’enfant s’amuse des situations inattendues, invente des mots farfelus, joue à faire semblant et construit des jeux de rôles aussi incongrus que créatifs. Vers l’âge de six ans, il découvre que l’humour et le rire ne sont pas seulement sources de plaisir, mais aussi de lien social, devenant des outils essentiels dans ses premières interactions avec les autres.
À quel point le rire rythme-t-il la vie des jeunes enfants ?
L’enfant rit, souvent, et cela pour le plus grand plaisir de son entourage. À quatre ans, il rit en moyenne près de 300 fois par jour. À titre de comparaison, un quadragénaire mettrait près de dix semaines pour atteindre ce même nombre de rires. Cest l’une des observations issues d’une étude menée par les professeures Jennifer Aaker et Naomi Bagdonas, de l’Université de Stanford (Californie)
Qu’en est-il pour un enfant atteint de maladie ?
Lorsqu’il est entouré et que les symptômes de sa maladie sont correctement pris en charge, l’enfant malade continue bien souvent à sourire et à rire. À condition de ne pas se sentir "obligé" de le faire pour rassurer ses proches, son rire, authentique, devient alors une véritable source de libération, réduisant l’anxiété, le stress et la douleur (voir l’étude). Ce rire s’exprime dans l’interaction avec ses parents, ses frères et sœurs, ses amis, mais aussi auprès des éducateurs, des clowns hospitaliers et, plus largement, des soignants, qui savent combien l’humour peut devenir un outil précieux pour accompagner les enfants.
À l’hôpital, l’humour joue un rôle essentiel auprès des enfants malades. Comment définir plus précisément ses effets et ses fonctions dans ce contexte ?
Selon les travaux de Kinsman et Gregory, l’humour facilite l’interaction, crée du lien, atténue les différences hiérarchiques et permet d’exprimer les non-dits de manière détournée. Il offre une échappée face à la difficulté de l’instant présent, permettant de vivre une expérience profonde, éminemment personnelle, reliée au sentiment d’être encore en vie. Ce qui fait rire ou sourire procure une sensation d’élargissement. L’humour ouvre une brèche dans le quotidien : il allège une temporalité souvent écrasante, celle de la douleur, du pronostic, d’un horizon refermé par la maladie.
Liens:
Les Docteurs Zinzins : https://www.docteurszinzins.be/
https://www.bmj.com/content/371/bmj.m4290
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33328164/
https://www.brusano.brussels/layout/uploads/2023/01/N%C2%B073_web-1.pdf
Psychologie secteur bébé-enfant-adolescent | Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola