Vingt ans déjà, et à l’étroit
dans sa coquille. L’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola
n’a pas arrêté de se développer depuis sa création
sous l’égide du Pr Henri Vis, et il n’y a aucune raison
pour que ce développement
s’arrête... A la veille du coup d’envoi d’une année
de célébrations,
regard dans le rétroviseur avec le Pr Georges Casimir.
Les 15 et 16 septembre prochains, l’HUDERF organise pour son vingtième anniversaire une séance académique, un symposium scientifique et une fête du personnel. Point de départ de toute une année où chaque rencontre organisée le sera sur le thème des vingt ans, cette célébration est destinée à rendre hommage au développement d’un hôpital pas comme les autres.
Avant tout l’hôpital des enfants
L’HUDERF est le seul hôpital pédiatrique autonome en Belgique, tous les autres services de pédiatrie étant intégrés à des hôpitaux généraux. L’idée d’un hôpital pour enfants n’est pas neuve (l’un des plus anciens, à Londres, existe depuis près de 150 ans) et elle est courante dans de nombreux pays. Cette formule permet en effet d’atteindre une “masse critique“ de patients qui offre aux médecins, même s’ils sont très spécialisés, une pratique suffisante. Il faut aussi une grande structure pour “construire une activité qui ait du sens“ comme le dit le Pr Casimir. “Lors de la création d’une activité, pour être professionnel, il faut une équipe capable de répondre techniquement et humainement à tous les impératifs de soin. Cet objectif implique que deux ou trois praticiens au moins aient la même activité, pour assurer la pérennité du service, mais aussi que s’y adjoignent des paramédicaux, c’est-à-dire selon la nature de l’activité des infirmières, une psychologue, une diététicienne, une kiné, une infirmière sociale…“ Tout cela demande évidemment d’avoir les reins solides.
Un regard sur demain
La spécificité de l’Hôpital des Enfants marque aussi
l’importance particulière de la pédiatrie pour une société. “Nous
avons un véritable rôle de vigiles, puisque
la santé de l’enfant préfigure dans une certaine mesure
celle de l’adulte qu’il deviendra. Les pédiatres ont donc
un souci majeur de la prévention. Dans les allergies par exemple, ils
ont la chance
de jouer un rôle important: ils peuvent éviter l’apparition d’une maladie qui, sans prévention,
affecterait l’enfant toute sa vie.“ La célébration
des vingt ans veut donc aussi souligner le fait que la santé des enfants
doit être la priorité de notre société. Autre message
du jour: la difficulté de soigner l’enfant quand les moyens sont
insuffisants. “Par exemple, selon les règles officielles il faut
seulement
une infirmière de plus par salle en pédiatrie que pour la médecine
adulte. Alors que l’on sait que les infirmières en pédiatrie
sont chargées de changer et de nourrir tous les très jeunes enfants,
qui constituent 70% de nos patients!“
Aller plus loin que le soin médical
Si le travail du pédiatre mérite l’attention, c’est aussi parce qu’il va au-delà de la bataille contre la maladie: “c’est une lutte contre l’injustice qui fait qu’un enfant ne peut pas vivre sa vie d’enfant à cause de la maladie“ explique le Pr Casimir. Il ne s’agit pas seulement de guérir le petit patient, mais de lui rendre le sourire et de diminuer autant que faire se peut la distance qui se forme entre le monde des bien portants et le sien. C’est là le rôle essentiel de l’école Robert Dubois, qui est indissociable de l’hôpital lui-même et ne se contente pas du maintien d’un niveau scolaire malgré la maladie. “Elle joue aussi un peu le rôle d’une famille. C’est l’école Robert Dubois qui fait le lien avec l’école de l’enfant à l’extérieur, va jusqu’à son chevet s’il est intransportable, et le sort de la cruauté de la maladie grâce à différentes activités extra scolaires comme le jardin d’eau.“
Une évolution perpétuelle
Depuis vingt ans, l’HUDERF a vu l’activité pédiatrique bouleversée par le développement de très nombreuses activités supplémentaires, et en particulier l’explosion des activités d’humanisation des soins. Pratiquement plus un étage aujourd’hui sans diététicien(ne), psychologue, spécialiste de la douleur… “Depuis vingt ans, nous avons vu trente à cinquante nouvelles activités apparaître dans l’hôpital“ dit le Pr Casimir. “Les équipes médicales ont plus que doublé, les équipes infirmières ont suivi pratiquement la même évolution. En dehors du domaine purement médical, il y a aujourd’hui de la musique, des activités en commun avec des personnes âgées, des sorties pour les enfants malades…“ Autre tendance lourde: la transformation de l’hôpital pour enfants en hôpital mère-enfant. Avec le développement de la médecine avant la naissance et autour de la naissance d’une part, mais aussi le fait qu’aujourd’hui les enfants qui viennent à l’hôpital sans leurs parents sont l’exception. Conséquence logique de tous ces développements: un manque de place criant. La construction d’un nouvel étage commence en 2006… Et ce n’est qu’un début!
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
5, juin 2006-août 2006)