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>>Une école pas tout à fait comme les autres

Un enseignement individualiséEh non, être hospitalisé n'implique pas de pouvoir ou de devoir faire l'école buissonnière! Attenante à l'HUDERF, l'Ecole Robert Dubois recrée l'ambiance des cours de récré pour les petits patients. À condition, bien sûr, qu'ils aient terminé leurs devoirs et leçons...

À quelques encablures du hall d'entrée de l'hôpital, la rue de la petite école mène les plus curieux vers un lieu pour le moins atypique. L'odeur de désinfectant laisse place à celle des crayons bien taillés. Ici, vous ne verrez ni blouses blanches, ni stéthoscopes. Vous êtes au royaume des plumiers et des cahiers. Bienvenue à l'Ecole Robert Dubois.

Un entre-deux où se restructurer

Une école pas tout à fait comme les autres... Une annexe indépendante de l'hôpital, où l'on ne délivre pas de soins…
"Notre rôle principal consiste à permettre aux enfants hospitalisés de poursuivre leur cursus scolaire et de préserver leurs acquis", explique Danielle Quinart, directrice de l'Ecole. "Nous accueillons tous les enfants, quel que soit leur maladie ou leur handicap. Ceux qui ont reçu l'autorisation des médecins de quitter leur lit descendent dans les classes pour y suivre les leçons, les autres reçoivent la visite des enseignants dans leur chambre. Couverts par un certifcat médical, certains enfants continuent également à fréquenter l'Ecole quelques semaines voire quelques mois après avoir quitté l'hôpital." C'est que les raisons qui imposent de postposer le retour dans l'école d'origine peuvent être multiples. "Il n'est, par exemple, pas évident de réintégrer une école sans ascenseur lorsqu'on a une jambe immobilisée", explique Danielle Quinart. "Il arrive aussi que des événements diffciles comme une agression ou un racket rendent compliqué voire impossible le retour dans l'école d'origine."

Virus non admis

Tous les enfants sont-ils autorisés à fréquenter l'école? Y-a-t-il des particularités à respecter en fonction de leur maladie ou de leur handicap? 8h30: éducatrices et enseignant(e)s s'informent auprès des infirmières responsables des différentes salles de l'hôpital afin d’organiser la journée. "Il s'agit en réalité d'un échange de bons procédés puisque de notre côté, nous proftons de ce moment de la journée pour transmettre nos observations au staff médical. L'enfant est-il épanoui à l'école? Paraît-il soucieux ou a-t-il des difficultés à se concentrer? En cas de risque pour les patients, lorsque nous apprenons que l'un d'eux a été en contact avec un virus par exemple, nous informons également immédiatement le personnel médical de l'hôpital afn que les mesures nécessaires puissent être prises." Mais la collaboration ne s'arrête pas là. Les enseignants et les éducateurs suivent régulièrement des formations en partenariat avec les équipes médicales. Objectif: être mieux préparés aux situations qu'ils pourraient rencontrer au contact des jeunes patients. "Même si une bonne coordination avec l'hôpital est essentielle, les enseignants doivent rester des enseignants", insiste néanmoins Danielle Quinart. "Je pense qu'ils ne doivent pas en savoir trop sur ce dont souffrent leurs élèves. A l'école, les enfants sont des acteurs avant d'être des objets de soins. Ils quittent pour quelques heures leur blouse de malade pour redevenir des enfants qui apprennent et jouent." Mais il ne s'agit pas pour autant de les soustraire aux soins médicaux dont ils ont besoin. "L'enfant est d'abord à l'hôpital pour être soigné, l'école vient ensuite, c'est la règle !", précise fermement la directrice.

Les enseignants ne posent pas de sparadraps…

9h: les cours commencent. Pour assurer le suivi des apprentissages, l'enseignement est individualisé. "Lorsque le séjour à l'hôpital dépasse une semaine, nos éducatrices se mettent en contact avec l'école d'origine de l'élève", explique Danielle Quinart. "Ce dernier peut ainsi recevoir ses devoirs et suivre les cours donnés à ses condisciples en bonne santé." A midi, les enfants hospitalisés retournent manger et se reposer dans leur chambre jusqu'à 14 h. Quant aux élèves externes, ils prennent leur pique-nique à l'école. "Nous essayons de responsabiliser les parents vis-à-vis des soins et de l'alimentation à donner à leurs enfants, mais la partie n'est pas toujours gagnée d'avance. Beaucoup nous considèrent comme des médecins!", regrette Danielle Quinart.
Au centre de toutes les attentions, les patients de l'HUDERF ne font pas qu'user leurs pantalons et apprendre leurs leçons sur les bancs de l'école Robert Dubois. Des cours donnés au jardin, où ils peuvent observer l'environnement au fil des saisons aux ateliers créatifs et aux activités sportives et culturelles organisées l'après-midi… Chacun peut s'épanouir et puiser à l'école force et courage pour se battre contre la maladie.

De la maternelle...... au secondaireCours de psychomotricité pour les plus petits

:: De sa création à nos jours ::
>1951 : À l'initiative du Professeur Robert Dubois, des activités pédagogiques sont organisées pour les enfants hospitalisés à l'Hôpital Saint-Pierre. D'autres sites hospitaliers introduiront ensuite des demandes pour que leurs patients puissent eux aussi bénéfcier de l'instruction obligatoire.
>1973 : L'école Robert Dubois est rattachée au Centre pédagogique Jules Anspach pour le site Saint-Pierre et au Centre du Parc Astrid pour le site de Brugmann.
>1986 : Inauguration de l'HUDERF et installation de l'école au sein de l'hôpital.
>1991 : Une section secondaire est annexée au niveau fondamental. L'école accueille désormais des jeunes de 2,5 à 21 ans.
>2001 : L'école Robert Dubois est intégrée dans le programme des patients de l'Unité Rimbaud à Brugmann (unité de pédopsychiatrie réservée aux adolescents âgés de 14 à 21 ans).

Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News (n° 11, juin-août 2008)