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>>Unique à Bruxelles : un poste d'orientation pour les petits patients de l'HUDERF

Poste d'orientationLe poste d'orientation de la pédiatrie à l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola fête ses deux ans. À l'époque, il répondait à un besoin de réorganisation de ces deux services importants que sont les urgences et les consultations. Aujourd'hui, il constitue un atout majeur dans la prise en charge de patients toujours plus nombreux.

Commençons par une définition rapide. Le poste d'orientation, connu depuis plusieurs années aux États-Unis, au Canada ou en France sous le nom de poste de triage, est un local où une infirmière reçoit tous les enfants entrant sans rendez-vous dans l'hôpital, que ce soit par les urgences ou par les consultations. Elle réalise un bilan rapide (poids, température, etc.), évalue leur état et décide, en fonction de ses observations, de l'ordre dans lequel ils seront examinés par les médecins.
En attendant leur tour, les enfants peuvent recevoir des soins infirmiers ou des médicaments destinés à soulager la douleur ou à faire baisser la température. Cette méthode de travail a été mise en place il y a deux ans à l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDERF). Le nouvel outil est toujours en cours d'amélioration – une formation complémentaire a été récemment organisée grâce au prix Annick Marnef et aux asbl Kid's Care et Sauvez mon enfant – mais il constitue d'ores et déjà un véritable levier pour améliorer le fonctionnement des deux services.

Infirmières du poste d'orientationAu plus urgent!

Lors de la mise en place du poste d'orientation, l'objectif principal était l'amélioration de l'accueil des patients. Mission accomplie, confirme le Dr Marguerite Landsberg, chef de clinique de pédiatrie générale, qui a donné l'impulsion de départ à ce projet réclamé depuis longtemps par l'équipe infirmière.
"Avant, l'état des enfants était brièvement évalué à travers une vitre lorsqu'ils se rendaient aux urgences. Et pas du tout s'ils venaient en consultation. Résultat: il était difficile de repérer les cas les plus graves, et des enfants très malades passaient parfois après d'autres qui avaient simplement besoin d'un vaccin ou d'un certificat." Aujourd'hui, il est certain que tous les enfants admis dans ces deux services ont été vus par un soignant formé.
Ceux qui doivent être pris en charge en priorité sont automatiquement repérés, et les autres comprennent sans trop de difficulté qu'ils doivent attendre leur tour. Dans certains cas, il peut aussi leur être conseillé de prendre un rendez-vous et de revenir un peu plus tard. Résultat: "les consultations sur rendez-vous sont organisées de manière beaucoup plus satisfaisante", comme en témoigne Petra Van Capellen, infirmière en chef des consultations.

Réorganisation de l'espace…

Après une formation en France, à laquelle ont participé Petra Van Capellen et Ann Jacobs, infirmières en chef des urgences, mais aussi le Dr Landsberg, deux mois ont été nécessaires pour réaliser les travaux (limités autant que possible pour respecter l'enveloppe budgétaire allouée) et pour mettre en place le poste d'orientation. Au final, l'emplacement du nouveau local n'est pas idéal puisqu'il est situé dans le service des consultations et non entre les deux services concernés. La configuration des lieux ne permettait pas de meilleure solution… La mise en place du poste d'orientation a entraîné une réorganisation complète de la manière dont les services fonctionnent. Là où il y avait deux services indépendants, un véritable dispensaire a été créé.

… et de la manière de travailler

Pour accompagner ces changements, les effectifs ont été légèrement revus à la hausse, avec un médecin de plus du côté des consultations et 1,5 équivalent temps plein supplémentaire du côté des infirmières des urgences. Pour les membres de l'équipe soignante, la mise en place du poste d'orientation a nécessité un temps d'adaptation, même si le besoin de réforme était unanimement constaté. "Au début, la localisation du dispensaire a vraiment posé problème de notre côté" raconte Ann Jacobs, infirmière en chef du service des urgences.
"La personne qui travaillait au poste d'orientation se trouvait très isolée de son service." Dès que les bénéfices de cette réorganisation ont commencé à se faire sentir, ces petits désagréments ont très vite été oubliés. Pour les médecins, les problèmes ont été différents selon le service, raconte le Dr Landsberg. "Au début, les urgentistes auraient préféré continuer à ne traiter que les "vraies" urgences. Ceux de la consultation, de leur côté, ont perdu dans la réforme des horaires un peu plus confortables, comportant, par exemple, une pause déjeuner. Mais tout le monde s'est rapidement rendu compte que les deux services fonctionnent bien mieux de cette manière. Les urgences importantes sont maintenant immédiatement prises en charge et les patients sont mieux traités."

Une ambiance plus détendue

Côté patients, les difficultés étaient au départ assez nombreuses. "Les premiers jours, lorsque nous expliquions aux parents le nouveau fonctionnement des services, ils trouvaient l'initiative pertinente… Jusqu'à ce qu'ils découvrent que leur enfant n'était pas dans la catégorie qui allait être prise en charge le plus rapidement!" se souvient Ann Jacobs.
Mais cette réaction a été très temporaire. Après un temps d'adaptation, la nouvelle méthode est entrée dans les mœurs et l'ambiance des salles d'attente s'est améliorée. Les parents sont rassurés dans la mesure où leur enfant est vu par une personne soignante et qu'il a éventuellement déjà reçu un traitement de base en attendant le médecin. Ils savent aussi que le passage par
le poste d'orientation représente un gain de temps important. Tout le monde est donc gagnant: "l'agressivité est aujourd'hui bien inférieure à ce qu'elleétait avant la mise en place du poste d'orientation, ce qui nous est confirmé régulièrement par le responsable de la sécurité" ajoute le Dr Landsberg.

:: Des petits films éducatifs pour patienter :: En vue d'améliorer encore l'accueil sur le plan médical mais aussi humain, l'équipe de la consultation et des urgences prévoit d'installer dans les salles d'attente des écrans qui diffuseront des petits fi lms éducatifs. Ceux-ci présenteront le poste d'orientation, et donneront aussi des conseils de prévention inspirés de l'expérience du personnel des urgences. Pour mettre à profi t le temps d'attente des familles… et faire en sorte qu'elles doivent se rendre moins souvent à l'hôpital!

Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News (n° 12, septembre-novembre 2008)