Les enfants hospitalisés à l'HUDERF connaissent bien Papy Nature. Grâce à lui, ils découvrent chaque semaine les plaisirs du jardinage, de la plantation des graines de potiron à la récolte des fraises, en passant par l'observation des abeilles et des papillons.
À l'époque où François de Mathelin, alias Papy Nature, exerçait encore sa profession d'ingénieur des eaux et forêts, il n'imaginait sans doute pas passer ses lundis de retraité à jardiner aux abords d'un hôpital.
En 2002 pourtant, feu Pr Kahn le contacte dans l'optique de créer un jardin pour les enfants hospitalisés sur une longue durée à l'HUDERF.
François de Mathelin accepte de devenir l'animateur de la future activité "nature". C'est le début d'une grande aventure potagère qui va bien vite rythmer la vie des enfants scolarisés à l'école Robert Dubois de l'HUDERF.
Naissance du jardin
Le problème c'est qu'au début, il n'y avait rien. L'école Robert Dubois venait à peine d'être construite et était entourée de sinistres talus de terre. Comme ces talus sont exposés plein sud, François de Mathelin décide d'y créer un vignoble. En bas des talus, il fait aussi construire un parterre surélevé à hauteur des mains des enfants, pour que ceux-ci puissent s'adonner plus facilement aux joies du jardinage. Très vite, le terrain de l'école va se garnir de fleurs, de plantes potagères et d'arbres fruitiers.
Des cours de sciences calqués sur les découvertes au potager
L'inauguration du jardin a lieu en 2003. Les enfants sont très excités. Le jardin est synonyme pour eux de sorties à la fois ludiques et pédagogiques, et les enseignants ont déjà prévu de faire correspondre le programme des cours de sciences avec celui de l'activité "nature". Les cerisiers en fleurs? L'occasion de parler du processus de pollinisation. Un nid de fourmis débusqué au pied d'un arbre? On étudie cet insecte à l'organisation sociale passionnante.
Un jardin plusieurs fois primé
Armés de masques et de gants, les enfants apprennent les bons gestes pour semer, planter, repiquer des légumes et des plantes aromatiques sur les parterres qui bordent l'école. Radis, carottes, poireaux et haricots émergent bientôt sous le regard émerveillé des petits jardiniers en herbe. Au fil du temps, le jardin s'agrandit, grâce aux dons de différents mécènes mais aussi grâce à l'argent gagné en remportant des concours. Il atteint aujourd'hui la taille de 35 ares et compte une multitude d'espèces végétales indigènes. Cest par exemple le cas de la cerise griotte, peu connue des enfants mais qui fait pourtant le bonheur des amateurs de gueuze.
Un projet social qui ne touche pas que les enfants de l'hôpital
Le choix de privilégier des variétés de nos régions, résistantes aux parasites et aux maladies, n'est pas innocent: le jardin-potager de l'HUDERF se veut 100% biologique, notamment pour préserver la santé des enfants. Pour l'entretien du jardin, François de Mathelin fait appel à la bonne volonté des jeunes de l'Institut Alexandre Herlin (une école pour déficients auditifs et visuels), de l'asbl Solidarcité et de quelques adolescents de la section pédopsychiatrique du Centre hospitalier Jean Titeca, encadrés par un infirmier et une surveillante. Le fait de s'investir en faveur des enfants malades est une expérience très valorisante pour ces ados au parcours atypique.
Des fruits et des légumes à foison
Pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers, pêchers… Une fois le printemps venu, c'est un véritable festival de couleurs et de senteurs florales qui se déploie devant les fenêtres de l'école Robert Dubois. Et quelques semaines plus tard, ce sont les papilles qui sont à la fête puisque les fruits récoltés sont transformés en confi tures et compotes en tout genre. Fraises, framboises, cassis, groseilles, myrtille, rhubarbe… Tout y passe! Les légumes sont également mis en bocaux ou transformés en potages. Quant aux raisins, qu'ils soient rouges ou blancs, ils finissent systématiquement sous forme de jus ou de vin.
Le jardin-potager bientôt autonome ?
Le dernier critère de sélection des variétés potagères? Le moment de la récolte, qui doit se situer avant les vacances d'été ou à la rentrée. De cette façon, les enfants ont toujours l'occasion de cuisiner et de déguster les fruits et légumes du jardin, mais aussi de les vendre aux visiteurs de l'école. Et avec sa production de vin maison, François de Mathelin compte bien parvenir à une autonomie financière complète du projet. Car l'activité "nature" ne risque pas de disparaître de si tôt. Tant les parents que les enseignants constatent les bienfaits du jardin sur le moral des enfants, lesquels oublient ainsi leur maladie quelques heures par semaine. Des moments d'évasion dont ils ne peuvent plus se passer et dont leur Papy Nature n'est pas prêt de les priver !
Auteur : Candice Vanhecke
Source : Osiris News
(n°
23, juin-août 2011)