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>>L'obésité chez l'enfant : un problème majeur de santé publique dans les pays industrialisés

Obésité chez l'enfant

Lorsque l'on regarde des photos de classe d'école primaire depuis les années 60, on s'aperçoit que par décennie successive un enfant en surpoids s'ajoute dans la photo de classe. Ainsi, dans les années 60, il y avait un enfant trop gros par classe ; dans les années 70, il y en avait deux ; dans les années 80, trois et, dans les années 90, quatre. Enfin, nous arrivons maintenant pratiquement à cinq enfants avec excès de poids dans les classes de nos écoles primaires !

Ce problème préoccupant pour la santé de nos enfants n'est pas seulement dû à des habitudes alimentaires inadéquates, il résulte aussi d'un manque d'activité physique et de sport particulièrement important. En effet, ainsi, au cours du temps, se sont installées des habitudes alimentaires particulièrement néfastes, y compris bien entendu pour les parents qui les ont appris à leurs enfants. Excès de sucre, de graisses, de friture, mais aussi de boissons sucrées comme les sodas qui ont envahi les magasins et les lieux où les enfants consomment des boissons.

Parallèlement, l'inaction s'est installée chez nos enfants parfois très jeunes qui sont placés devant la télévision, les ordinateurs ou les jeux électroniques. En même temps que, stressés, ils consomment des biscuits ou des chips. Trois heures d'inaction quotidienne conduisent à une prise de poids d'environ 1 kg par mois supplémentaires à la prise normale !

Ainsi l'obésité des enfants est le départ d'un grand défi pour la santé publique du vingt-et-unième siècle: c'est un problème mondial qui affecte de très nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, en particulier en milieu urbain. La tendance au surpoids s'est accrue un rythme considérable: on estime qu'en 2010, le monde comptait plus de 42 millions d'enfants en excès de poids. Près de 35 millions de ses enfants vivent dans des pays en développement.

Les enfants en surpoids et obèses risquent de le rester une fois adultes et sont plus susceptibles de développer des maladies cardio-vasculaires ou de devenir diabétiques. Ainsi, il nous arrive aujourd'hui d'avoir déjà en consultation des enfants diabétiques insulino-dépendants dès l'âge de sept ans. L'obésité chez l'enfant représente un risque accru de décès prématuré et d'incapacité à l'âge adulte. Ils risquent également de souffrir précocement de troubles musculo-squelettiques et surtout de douleurs articulaires ou d'altération des cartilages articulaires. Certains types de cancers sont aussi liés à l'excès de poids.

L'OMS reconnaît que la prévalence croissante de l'obésité de l'enfant est le résultat de changements survenus dans la société. Ce n'est pas seulement le changement sociétal et économique, mais également un changement dans les politiques mises en oeuvre dans le domaine de l'agriculture, des transports, de la planification urbaine, de l'environnement et de la préparation et la distribution ainsi que la commercialisation des aliments. Ce problème nécessite donc une approche multidisciplinaire à la fois sur le plan culturel, éducatif, mais aussi sur le plan de la politique d'alimentation des différents pays et de promotion de l'activité physique et du sport.

Certains pays se sont dotés demoyens de réflexion et de plans à large échelle pour tenter de réduire cette forme d'épidémie. Ils ont assuré la promotion d'une consommation importante de fruits et de légumes de même que de légumineuses et de céréales complètes. Ils ont proposé de limiter les apports énergétiques provenant de la consommation de graisse et de réduire la consommation des graisses saturées au profit des graisses non-saturées. Ils ont aussi limité la consommation de sucre, en particulier dans les boissons, et ont promu une activité physique modérée à intense au moins de 60 minutes par jour, qui soit appropriée et tienne compte du développement de l'enfant en impliquant des activités très diverses.

Un engagement politique soutenu est indispensable ainsi que des politiques publiques et privées visant à améliorer le comportement des citoyens. Ainsi, le rôle des parents, des écoles mais également une action sur les adultes de manière éducative à tous niveaux, y compris par les grands moyens de communication que constituent les journaux et la télévision, sont de fait indispensables. On relève ainsi des expériences particulièrement favorables, tant en France qu'en Suisse par exemple, démontrant à l'échelle d'un département que de telles politiques ont des effets particulièrement efficaces sur la réduction de poids des enfants et sur la qualité de leur santé physique.

Nous devons impérieusement promouvoir de telles politiques en Belgique afin d'éviter également de grands déboires de santé pour les futurs adultes.

Auteur : Prof. Georges Casimir
Source : Kids' News (n° 12, janvier 2013)

>>Consultation du « petit poids ».